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Quitter sa zone de confort, partir à l’aventure.
Quitter sa zone de confort, partir à l’aventure.
L’idée qu’un individu, mû par son seul désir de progression et d’exploration, puisse volontairement sortir du cadre, affronter l’inconnu et ainsi devenir moteur de changement, a longtemps fait figure d’idéal. Dans cette vision linéaire du développement, le mouvement est ascendant : on quitte un état connu pour atteindre une zone d’apprentissage, puis de croissance. L’acte est volontaire, libre, maîtrisé. L’entrepreneur, l’innovateur ou le leader agit en pionnier, embarquant son équipe dans un processus de transformation, à travers ce qu’on nomme depuis des décennies la conduite du changement. Un destin choisi, éclairé, structuré.
Mais, avec les années et l’évolution du monde, ce modèle m’est apparu de plus en plus déconnecté de la réalité. Le monde n’est plus linéaire. Il est circulaire, turbulent, interdépendant. Le changement n’est plus toujours choisi : il est souvent subi.
Aujourd’hui, ce ne sont plus uniquement des élans personnels ou des ambitions éclairées qui poussent à sortir de sa zone de confort. Ce sont des forces exogènes, brutales parfois : transformation digitale, urgence climatique, réformes institutionnelles, concurrence mondialisée, instabilité géopolitique. Ces bouleversements viennent, sans crier gare, nous propulser dans la zone de peur.
Dans ce contexte, “se jeter à l’eau” n’est plus l’expression d’une audace entrepreneuriale, mais la conséquence directe d’un environnement instable. Il ne s’agit plus de choisir un plongeon, mais de savoir nager en urgence — pour survivre, pour rejoindre une rive incertaine, en entraînant un maximum de membres de l’équipage. L’idée d’un capitaine charismatique seul aux commandes montre ici ses limites. Il faut désormais que chacun à bord sache nager, individuellement et collectivement.
La fameuse conduite du changement, enseignée dans tous les bons MBA, semble soudain insuffisante face à cette réalité chaotique. Elle supposait un cap, une mer relativement calme, un temps de préparation. Aujourd’hui, l’enjeu est autre : il s’agit de développer des compétences de résilience, une agilité collective, une solidarité active. Il faut enseigner non plus simplement la stratégie du changement, mais la capacité à évoluer dans l’incertitude, à rebondir ensemble, à tisser des liens solides en pleine tempête.
La zone de confort, ce paradis mythique, s’est dissoute dans l’instabilité. Comme l’exprimait le Prix Nobel Ilya Prigogine, nous vivons dans des états d’équilibre instable, où le désordre engendre de nouveaux ordres, où la turbulence est source de transformation. Dans ce monde, la stabilité est temporaire. Elle exige une vigilance constante, une écoute attentive des signaux faibles, une capacité d’adaptation immédiate.
Les surfeurs connaissent bien cette réalité. Joël de Rosnay, dans Surfer la vie, a magnifiquement décrit cet art de l’équilibre dynamique : il ne s’agit plus de dominer les vagues, mais de les accompagner, de les anticiper, de les utiliser comme énergie. Au-delà de la simple brasse ou du crawl, il faut apprendre la natation synchronisée : une nage collective, fluide, harmonieuse, où chacun se relie à l’autre pour créer une dynamique commune et salvatrice.
Dans les crises — et elles sont désormais permanentes, à degrés divers — les résistances individuelles perdent de leur poids : peur du changement, regard des autres, inertie psychologique… tout cela s’efface lorsque la stratégie est claire et la solidarité forte. Ce qui compte alors, c’est la capacité à faire corps, à avancer ensemble vers une nouvelle forme de stabilité, vers une zone de confort renouvelée, certes fragile, mais toujours possible.
Bienvenue donc dans ce monde circulaire et turbulent, où le confort ne se trouve plus dans l’immobilité, mais dans la mobilité partagée, dans une maîtrise souple du déséquilibre, dans la force des liens humains qui seuls permettent de franchir les vagues et d’atteindre d’autres rivages.
BH080825
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Article By:
Bernard Houppertz
Bernard Houppertz is a seasoned hotel industry professional with over 25 years of experience. He has received numerous awards for his achievements and has led operations for world-leading Hotel Groups. He served as the Vice President Development & Operations South Asia & Africa at Cygnett Hotels and Resorts, and is also the CEO at FitFinder4.0, a platform designed to help hotels increase their revenue.